Dans le secteur des Montées, 75.000 pivoines arborent actuellement leur séduisante parure. Le pépiniériste passionné fournit collectionneurs et professionnels de la France entière. Il s’ouvre à la vente au détail.
Toute habillée de jaune et de rose, « Jeanne d’Arc » cohabite, sur fond de cathédrale d’Orléans, avec « Noémie de mai », aussi précoce qu’odorante. À deux pas, « Corel Cham », très orangée, ondule sous l’effet d’une légère brise, tout comme « Scarlett O’Hara », sa voisine. Autant de charme à travers les appellations de 75.000 superbes pivoines, cultivées en pleine terre, non loin du stade des Montées. Cinq hectares fleuris, soit 250 variétés.
Nous sommes ici sur l’exploitation d’Alain Tricot, 55 ans, passionné depuis toujours par la pivoine qu’il s’emploie à multiplier. De son propre aveu, « c’est un travail de longue haleine puisque trois ans sont nécessaires pour que le pied souche puisse fournir deux, voire quatre ou cinq autres pieds ». Pivoines japonaises, à fleurs simples, ou pivoines de Chine, à fleurs doubles, toutes croissent à souhait dans le terrain limoneux argileux de l’ancien lit de la Loire.
De là, des variétés spécifiques à la fleur coupée repartent notamment vers Hyères (Var), alors que des collectionneurs, mais aussi des paysagistes et pépiniéristes de la France entière, sollicitent l’Orléanais « pure souche ». Ce dernier entend promouvoir plus encore sa pivoine chérie. D’ailleurs, il l’a proposée ces dernières semaines (moyennant 15 à 22€) sur diverses fêtes des plantes, tant à La Ferté-Saint-Aubin qu’à Villemandeur, au domaine des Barres à Nogent-sur-Vernisson, à l’arboretum de la Sedelle à Crozant (Creuse), comme dans l’un des plus beaux villages de France, à Apremont-sur-Allier (Cher).
Ceci traduit sa volonté de développer désormais la vente au détail. Il vend ses pivoines en conteneur, de mars à mai, et en racines nues, de septembre à mi-février. Alain Tricot, qui bénéficie depuis trois ans de l’appui de son fils Adrien, va dédier dès l’été un site Internet à sa fleur fétiche. « Quelque peu oubliée, elle revient vraiment à la mode. Elle a le mérite de ne pas demander d’entretien particulier, de se conserver vingt à trente ans. Pour qui fait un parterre de pivoines, en jouant sur les variétés précoces, de mi-saison et tardives, peut disposer d’un superbe massif fleuri, du 8 mai au 15 juin », conclut le spécialiste avant de repartir, au volant de son 4x4, au milieu d’un éclatant camaïeu de rouges…
De son petit accent néerlandais, Susanne, fleuriste, ne tarit pas d’éloges pour la pivoine, qu’elle présente d’emblée comme « la fleur préférée des Français. On ne dispose durant trois à quatre semaines seulement, contrairement à la rose, disponible toute l’année. C’est aussi ce qui fait le charme de la pivoine en pleines fleurs, chaque année, pour la Fête des mères ». La responsable de l’Atelier après la pluie, place de la République, à Orléans, met un point d’honneur à s’approvisionner auprès de la maison Tricot, « du 100 % local », sourit-elle, avant d’ajouter que ces fleurs « tiennent une bonne semaine an vase, car M. Tricot les fournit en boutons à peine éclos. Les plus claires, blanches et roses, sont particulièrement odorantes. Et il nous a présenté « Coral Charm », une nouvelle variété, superbe avec sa couleur corail ».
Bref, la fleuriste a tellement le coup de cœur qu’elle ouvrira un « stand pivoine » sur la place de la République, les 6 et 7 juin, à l’occasion de la Fête des mères. « Avec dix fleurs, vous avez déjà un très beau bouquet, sachant que je propose la fleur à 2,50 € », conclut Susanne, qui vendra bientôt des pivoines en pot.
Alain Tricot, pépiniériste à Orléans et producteur spécialiste de pivoine.
Source : La République du Centre – 26 mai 2009